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  • Mostefaï, kamikaze du Bataclan, sept ans en pointillés sur les radars policiers

    A la lumière de notes déclassifiées de la DGSI, «Libération» retrace le
    parcours d’Ismaël Omar Mostefaï, l’un des assaillants du 13 Novembre,
    sous-estimé par les services français.

    Rétrospectivement, c’est peut-être sur le parcours d’Ismaël Omar
    Mostefaï, l’un des trois kamikazes du Bataclan, que la faillite du
    renseignement intérieur s’avère la plus crue dans le dossier des
    attentats du 13 novembre 2015. Connu du contre-terrorisme français
    depuis 2008, le jeune homme – qui s’est fait exploser à 29 ans dans la
    salle de spectacle avec Samy Amimour et Foued Mohamed-Aggad – n’a jamais
    fait l’objet d’une surveillance assidue. Et ce, malgré près de six
    années passées au contact des sphères fondamentalistes. Une proximité
    dont la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue
    DGSI en 2014) avait parfaitement connaissance. Libération retrace
    l’itinéraire d’Ismaël Omar Mostefaï, à la lumière des notes
    déclassifiées sur demande des juges antiterroristes parisiens.

    Décrochage.

    Fils d’un chauffeur routier algérien aux pratiques rigoristes, Ismaël
    Omar Mostefaï grandit à Courcouronnes (Essonne). Entre 2004 et 2010, le
    jeune homme cumule décrochage scolaire et huit condamnations pénales
    pour détention de stupéfiants, violences, outrage et conduite sans
    permis. En 2005, la famille Mostefaï déménage à Chartres, où Ismaël Omar
    intègre peu à peu un groupe salafiste.

    Dès 2009, huit membres de cette cellule se réunissant dans des
    appartements font l’objet d’une attention particulière de la DCRI. Et
    pour cause : comme l’a révélé Mediapart une dizaine de jours après les
    attentats du 13 Novembre, le petit noyau de fondamentalistes est fédéré
    autour d’Abdelilah Ziyad, un prédicateur marocain au CV bien rempli. Et
    qui, surtout, n’a rien à faire dans la préfecture d’Eure-et-Loir.

    En effet, Ziyad, la soixantaine, n’est autre que le «co-instigateur des
    attentats de Fès et Marrakech», selon les notes de la DGSI que nous
    avons pu consulter. Le 24 août 1994, trois Français recrutés par Ziyad
    abattent deux touristes et en blessent un autre dans le hall de l’hôtel
    Atlas Asni de Marrakech. Arrêté en août 1995, il est jugé un an plus
    tard. A l’audience, il confesse son implication et écope de huit ans de
    prison. La peine est assortie de dix ans d’interdiction du territoire
    français. Libéré en 2001, Ziyad disparaît. Du moins momentanément.

    En 2008, l’émir est donc débusqué à Chartres. Mais la réalité est bien
    pire : en violation de son interdiction du territoire, Ziyad vit depuis
    des années sous de fausses identités à Migennes (Yonne). Il effectue
    alors secrètement des allers-retours à Chartres. C’est à son contact que
    Mostefaï épouse l’idéologie jihadiste. En août 2012, sa famille
    redéménage. Cette fois-ci, à Romilly-sur-Seine (Aube). Pile dans la
    sphère d’influence de Ziyad, qui réside à Migennes mais qui dispose
    d’attaches dans l’Aube. Cet emménagement est-il fortuit ? A l’époque, en
    tout cas, les services spécialisés ne semblent guère s’en inquiéter.
    Pourtant, à l’été 2012, Ismaël Omar Mostefaï coupe les ponts avec sa
    famille.

    «Leur maître».

    Quelques semaines plus tard, le 29 septembre, il est localisé à Charmoy,
    une commune limitrophe de… Migennes. Les gendarmes arrêtent un véhicule
    avec deux personnes à bord, dont Mostefaï. Aux pandores, les deux
    acolytes expliquent chercher une rue. Pour la DGSI, cette virée a une
    tout autre motivation. Dans une note du 24 octobre 2012, le service
    intérieur écrit : «Certains membres de ce groupe [les huit salafistes de
    Chartres, ndlr] ont repris leurs déplacements dans l’agglomération de
    Migennes afin d’y rencontrer leur maître.» Un maître qui n’est autre
    qu’Abdelilah Ziyad, empruntant désormais l’identité d’Abdelmalek Bachir.
    Malgré ces éléments, qui caractérisent la volonté récurrente de Mostefaï
    de côtoyer son mentor, la DGSI n’adopte aucune surveillance poussée.
    Plusieurs mois passent. Et Mostefaï est des plus discrets. Le 6
    septembre 2013, il pénètre en Turquie avec deux hommes, dont Samy
    Amimour. Leur destination est la Syrie, ce que la France n’apprendra que
    des mois plus tard, presque par hasard. Rien dans les notes de la DGSI
    ne documente ce premier voyage au Levant. Pire, les agents se disent
    probablement que Mostefaï ne s’est jamais rendu en Syrie lorsqu’ils le
    relocalisent le 9 avril 2014 à… Chartres.

    «Combat de rue».

    Ce jour-là, le futur kamikaze participe encore à une réunion sous
    l’égide de Ziyad. Une entrevue jugée suffisamment sérieuse par la DGSI
    pour que soient engagées des mesures de surveillance de certains
    participants. D’aucuns feront l’objet d’écoutes et de filatures jusqu’en
    septembre 2015. Dans une note de ce même 9 avril, que révèle Libération,
    la DGSI écrit : «Les membres du groupe se sont entraînés physiquement en
    présence de Bachir Abdelmalek, qu’ils considèrent comme leur maître. Ils
    se sont également livrés à l’apprentissage de techniques de combat de
    rue, sous l’égide de Bachir Abdelmalek, qu’ils jugent expert en la
    matière.» Malgré ces renseignements clairs, Mostefaï est jugé
    «périphérique» et ne bénéficie, une nouvelle fois, d’aucune attention
    soutenue.

    La suite est encore plus invraisemblable. Mostefaï part une deuxième
    fois en Syrie. Quand ? Nul ne le sait aujourd’hui. En octobre 2014, la
    France envoie une requête à la Turquie concernant le passage sur son sol
    de jihadistes présumés. Ankara retourne une liste sur laquelle figure
    Mostefaï pour… son premier séjour, celui effectué en septembre 2013.
    Quatorze mois plus tard, les autorités françaises sont enfin au parfum.
    Mais ni la DGSI ni son homologue extérieur, la DGSE, ne parviendront à
    relocaliser précisément Mostefaï et à prévenir son deuxième retour et sa
    participation à l’attentat du 13 Novembre au Bataclan, dans lequel 90
    personnes ont trouvé la mort.

    Par Willy Le Devin — 29 mars 2017 à 19:46
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