Airbus Group a annoncé jeudi son intention de porter plainte en Allemagne après les informations selon lesquelles le BND, le service fédéral de renseignement extérieur allemand, a aidé ses homologues américains à espionner plusieurs entreprises européennes.
“Nous avons demandé des informations supplémentaires au gouvernement”, a déclaré un porte-parole d’Airbus en Allemagne. “Nous allons porter plainte contre X en raison de soupçons d’espionnage industriel.”
L’hebdomadaire Der Spiegel a rapporté la semaine dernière que des responsables du BND avaient indirectement aidé la National Security Agency (NSA) américaine à espionner plusieurs cibles en Europe pendant plus de 10 ans.
Le ministre de l’Intérieur allemand, Thomas de Maizière, un proche allié de la chancelière Angela Merkel, a nié mercredi avoir menti au Parlement à propos de la collaboration entre les services de renseignement allemands et américains.
Il est depuis plusieurs jours sous le feu des critiques de l’opposition dans ce dossier en raison de son rôle lorsqu’il était directeur de la chancellerie fédérale entre 2005 et 2009.
En 2013, après la publication d’informations selon lesquelles les Etats-Unis avaient placé le téléphone portable de la chancelière sur écoute, Angela Merkel avait déclaré que “s’espionner entre amis n’est absolument pas acceptable”.
Le quotidien Handelsblatt avait le premier fait état de la plainte d’Airbus jeudi.
Selon la presse allemande, le BND a également aidé les services de renseignement américains à espionner les services de la présidence française, le ministère français des Affaires étrangères et la Commission européenne.
En France, plusieurs responsables politiques ont réclamé jeudi des excuses de l’Allemagne et une enquête dans ce dossier.
De son côté, le président de l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker, a déclaré lors d’une conférence de presse ignorer si des agents allemands étaient en activité à Bruxelles mais il a rappelé avoir proposé dans le passé que la Commission crée ses propres services secrets “car les agents sont partout”.
Lui-même ex-Premier ministre d’un gouvernement luxembourgeois contraint à la démission par un scandale d’espionnage et de corruption en 2013, Jean-Claude Juncker a ajouté que son expérience personnelle lui avait appris que les services secrets étaient très difficiles à contrôler.
La semaine dernière, le gouvernement allemand avait reconnu des failles au sein de ses services de renseignement et dit avoir demandé au BND de les combler.
(Victoria Bryan, avec Adrian Croft à Bruxelles, Marc Angrand pour le service français)
Source : Reuters 30/04/15 à 18:48
Mis à jour le 30/04/15 à 20:30
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